Comment bien gérer l’eczéma ?

Des plaques rouges qui grattent et finissent par suinter puis sécher, c’est le symptôme classique de la poussée d’eczéma. Il s’agit d’une dermatose inflammatoire qui marque une réaction de l’organisme face à un allergène. Tout le monde peut être concerné, les nouveau-nés comme les adultes. Mais il faut distinguer au moins deux grands types d’eczéma, l’eczéma de contact et l’eczéma atopique. Dans les deux cas, c’est une maladie de peau chronique, qu’il faut apprendre à gérer pour espacer les crises.

Comment bien gérer l'eczéma ?

L’eczéma, c’est quoi ?

L’eczéma de contact est déclenché par le contact avec une substance : parmi les plus fréquentes, le nickel des bijoux, certains conservateurs des cosmétiques, le caoutchouc des gants, certaines plantes ou des colorants, comme les teintures pour cheveux par exemple. Ce contact provoque une réaction de l’organisme, qui considère la substance comme un allergène. L’eczéma persiste tant que la peau est en contact avec. Il suffit donc d’identifier l’allergène en cause (pas toujours facile !) et de l’éviter. Encore moins facile dans certaines professions.

L’eczéma atopique commence très souvent dans l’enfance et fonctionne par poussées, suivies d’accalmies plus ou moins longues. C’est une pathologie de peau difficile à vivre : entre les démangeaisons parfois terribles qui posent des problèmes de sommeil et l’image de soi, avec des plaques rouges sur différents endroits du corps, l’eczéma tourne vite à l’obsession. Une précision importante, l’eczéma n’est absolument pas contagieux.

main qui gratte

De plus en plus d’eczéma atopique

Les bébés sont de plus en plus sont touchés par l’eczéma. Le plus souvent, les premiers symptômes de l’eczéma atopique (ou dermatite atopique) apparaissent autour de 3 mois. Il s’agit d’abord d’une peau très sèche, avec parfois de petites dartres rouges sur les joues, mais aussi les bras et les jambes, parfois le cuir chevelu. Dans les cas les plus sévères, l’eczéma se manifeste plus tôt et les démangeaisons créent un véritable problème de sommeil chez le tout-petit, incapable de se gratter. Au fil du temps, après l’âge d’un an, les plaques se concentrent très souvent dans les plis, derrière les genoux, dans les plis du coude ou derrière les oreilles. Si les parents ont eux aussi eu de l’eczéma, le risque est plus grand pour leurs enfants : avec un parent atopique, la probabilité est de 60 %, si les deux parents le sont, le chiffre s’élève à 75 %. La dermatite atopique disparaît dans 50 % des cas avant 5 ans et souvent spontanément vers la puberté mais persiste parfois à l’âge adulte, pour 10 % des cas. On sait aujourd’hui que l’environnement joue un rôle dans l’augmentation spectaculaire des cas, que la génétique ne suffit pas à expliquer. Pour un bébé comme pour un adulte, la stratégie de soin consiste à contrôler au mieux les poussées d’eczéma en analysant les facteurs qui favorisent les crises.

Un impact considérable sur la qualité de vie

Dans l’enfance comme à l’âge adulte, l’eczéma atopique a des conséquences très lourdes sur la qualité de vie. Les démangeaisons très intenses créent rapidement des difficultés de sommeil. Chez les petits, les réveils nocturnes finissent par empoisonner la vie familiale, l’enfant comme les parents sont épuisés et énervés. Chez l’adulte, les insomnies répétées conduisent à une fatigue chronique, qui a elle aussi des conséquences sur l’état psychologique général. Les plaques rouges apparentes ne sont pas faciles à assumer, ni à l’école, ni au travail. Beaucoup d’enfants atopiques vivent mal la maladie, les autres ont peur de la contagion, alors que l’eczéma atopique ne se transmet absolument pas. Si autrefois on attendait souvent que ça passe, on sait aujourd’hui qu’il faut rapidement prendre en charge un bébé atopique et l’aider à mieux supporter les crises, tout en essayant de les espacer.

Les facteurs déclenchants de l’eczéma atopique

Les causes sont très nombreuses, ce qui rend l’eczéma encore plus compliqué à traiter. Mais certaines sont aujourd’hui bien identifiées.

Un défaut de barrière cutanée

A la base, c’est un problème de peau très sèche et surtout trop perméable, qui laisse entrer tous les allergènes de l’environnement. La peau n’est pas étanche, mais dans le cas des personnes atopiques, elle est carrément poreuse. Voilà pourquoi on parle de terrain atopique familial, car la peau atopique se transmet souvent d’une génération à l’autre.

L’impact des conditions de vie

Il est très important dans le déclenchement et la durée de la maladie. Les spécialistes parlent d’épigénétique, autrement dit « par-dessus la génétique ». En effet, ce qui n’aurait aucun effet sur une peau normale a des conséquences sur une peau atopique trop perméable : le froid, le vent, la transpiration, les produits cosmétiques mal adaptés, l’eau du robinet, la poussière, les pollens… Le problème c’est que l’impact varie selon les personnes atopiques qui ne réagissent pas toutes aux mêmes choses.

Le rôle du microbiome intestinal

On sait aujourd’hui que l’eczéma atopique est en lien avec le système digestif et notamment la flore intestinale (aujourd’hui appelée microbiome) : toutes ces bactéries qui vivent dans notre intestin. Les personnes atopiques ont un microbiome déséquilibré, parfois par des traitements antibiotiques ou par une alimentation trop pro-inflammatoire.

femme qui se gratte le dos
enfant qui se gratte

Les bons réflexes au quotidien

Si l’eczéma est trop important, il faut absolument consulter un dermatologue, qui pourra prescrire des crèmes à la cortisone, la seule solution pour venir à bout des plaques. Mais la maladie étant chronique, une nouvelle poussée arrivera tôt ou tard… Quelques conseils pour que ce soit le plus tard possible !

Hydratez votre peau

C’est le point le plus important. Il faut reconstituer la barrière cutanée manquante en appliquant deux fois par jour un soin très hydratant, de préférence un baume émollient. Cette fine couche de crème limitera l’entrée des allergènes dans la peau et notamment la prolifération du staphylocoque doré, qui concerne tout particulièrement les personnes souffrant d’eczéma atopique.

Choisissez bien vos produits d’hygiène

Jamais de savon trop décapant sur une peau atopique déjà fragilisée. Choisissez des gels douche et des shampooings doux, spécial peaux à tendance atopique. Certains ont aussi un pouvoir anti-démangeaisons. Ne restez pas plus de 5 minutes sous la douche, car l’eau aggrave l’eczéma. Dernier détail, l’eau doit être tiède, jamais chaude, 34°C maximum …

Soyez vigilant sur l’environnement

Pas de linge à sécher dehors à la saison des pollens, évitez les zones de travaux avec beaucoup de poussière, les sorties en cas de pic de pollution…

Surveillez votre alimentation

Le sucre, les matières grasses saturées, les laitages et le gluten peuvent jouer un rôle mais pas systématiquement. A vous d’observer les aliments qui déclenchent des poussées et de les limiter. Les pré et probiotiques peuvent parfois être utiles pour améliorer le microbiome intestinal, parlez-en à votre médecin.

Limitez la transpiration

Chez certaines personnes, la transpiration est mal tolérée et peut déclencher une poussée. Si vous avez plutôt des poussées en été et si vous avez remarqué que le sport crée des démangeaisons, vous avez tout intérêt à veiller à une hygiène parfaite. Prenez des douches fraîches et rapides, à l’eau claire ou avec un gel lavant doux pour éliminer la sueur au plus vite.

2 idées reçues sur l’eczéma

On entend dire beaucoup de choses fantaisistes sur l’eczéma. En voici deux qui reviennent en boucle et qu’il faut expliquer.

L’eczéma c’est psychologique

L’état psychologique n’est pas la cause de l’eczéma, mais plutôt une conséquence. Le stress ne joue pas chez les bébés, mais peut avoir un rôle chez les adultes, en devenant un facteur aggravant au fil du temps. A la base d’un eczéma atopique, il y a toujours un problème physiologique de peau très sèche et perméable.

L’eczéma c’est allergique

La plupart des bilans allergologiques sont négatifs chez les personnes atopiques. Mais dans certains cas, le terrain atopique va avec d’autres manifestations de type allergique, comme l’asthme ou la conjonctivite, rarement des allergies alimentaires.

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