L’allergie aux protéines de lait de vache

Johanna

Par Johanna

L’allergie aux protéines de lait de vache (ou APLV) est la première allergie alimentaire à apparaître chez l’enfant. D’après l’AFSSA, le lait de vache est la 4ème cause d’allergie chez l’enfant.

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L’allergie aux protéines de lait de vache se caractérise le plus souvent par des troubles digestifs et de l’eczéma, ou dermatite atopique. Ces symptômes peuvent se manifester lors des sevrages, parfois dès les premiers biberons. Après diagnostic par un professionnel de santé, il est souvent nécessaire de remplacer les laits infantiles à base de lait de vache, y compris les laits hypoallergéniques, qui contiennent des fragments protéiques d’origine laitière.

Contrairement à l’intolérance au lactose, qui est une déficience enzymatique de la lactase, enzyme responsable de la digestion du lactose, l’allergie est une défaillance du système immunitaire. 

Cette allergie touche 1 nourrisson sur 40 en France. Si les parents présentent un terrain allergique, le risque de réaction allergique augmente.

Qu’est-ce que l’allergie aux protéines de lait de vache ?

Une réaction allergique est une réponse anormale du système immunitaire à des substances qui ne sont pas dangereuses en temps normal. 

En cas d’invasion de l’organisme par des substances étrangères, le système immunitaire déclenche une cascade de réactions pour le défendre. 

Dans le cas d’une allergie, le système immunitaire répond à l’invasion de cet agent étranger de façon excessive. Cette réaction déclenche une inflammation : on parle alors de réaction allergique. Les substances, appelées allergènes, auxquelles l’individu est exposé peuvent être présentes dans l’environnement, les aliments ou les médicaments. Pour la plupart des personnes, ces substances n’ont aucun effet sur l’organisme.

Généralement, un premier contact avec l’allergène, sans conséquences pour l’individu, a lieu avant de provoquer la réaction allergique lors du deuxième contact. Au cours de ce premier contact, le système immunitaire produit un anticorps : l’immunoglobuline E (IgE), spécifique à cette substance étrangère. L’individu est alors sensibilisé à l’allergène en question. Lors du deuxième contact, le système immunitaire reconnait l’allergène et stimule les cellules de l’immunité (basophiles et mastocytes). Celles-ci libèrent alors des substances, telles que l’histamine ou les prostaglandines qui provoquent une inflammation et des gonflements des tissus environnants.

L’allergie aux protéines de lait de vache est donc une réaction inflammatoire de l’organisme en réponse à un contact avec des protéines contenues dans les laits d’origine animale. Elle touche en particulier les nourrissons et les enfants de moins de 3 ans, et disparaît en général avec l’âge. C’est le cas de 8 enfants sur 10 avant l’âge de 2 ans et de 9 enfants sur 10 avant 6 ans.  Cette allergie implique particulièrement la β-galactoglobuline chez le nourrisson et la caséine ou les albumines chez le jeune enfant.

Il existe 2 types de réaction allergique : 

  • Les réactions allergiques immédiates (IgE médiées) : les symptômes de l’allergie apparaissent directement après l’ingestion de protéines de lait de vache. Elles se manifestent par de l’urticaire, des vomissements, des gonflements au niveau des paupières, des lèvres, etc. 
  • Les réactions allergiques retardées (non IgE médiées) : la réaction a lieu quelques heures après ingestion et provoque des problème digestifs et cutanés.

D’autres laits animaux peuvent être concernés, brebis ou chèvre qui sont plus ou moins bien tolérés.

Les symptômes sont variés et apparaissent lors de l’introduction du lait, dès le 2ème ou 3ème biberon de lait infantile. Ils peuvent être aiguës ou chroniques et se manifestent sur le plan digestif (régurgitations, vomissements, diarrhées, constipations, douleurs abdominales…) et/ou extra-digestif (urticaire, asthme, eczéma, bronchite…). D’autres symptômes, tels que des malaises, peuvent aussi se manifester. Une allergie secondaire peut également apparaître plus tardivement après un épisode de gastroentérite.

Mal diagnostiquée ou mal prise en charge, l’allergie aux protéines de lait animal peut entraîner des complications chez l’enfant de types cutanées et ORL (otite, rhinite, pharyngite…).

Si l’allergie n’est pas prise en charge, elle peut diminuer l’absorption des aliments et provoquer des lésions de l’intestin et donc devenir dangereuse pour le nourrisson. Elle peut aussi être source de carences, ce qui devient alors problématique pour la croissance de l’enfant (dans le cas d’une carence en calcium par exemple).

Comment réagir en cas d’APLV ?

Il semblerait que l’allaitement maternel jusqu’aux 4 à 6 mois du nourrisson diminue la prévalence des allergies alimentaires du nourrisson. Il est donc recommandé, lorsque cela est possible, d’allaiter son enfant jusqu’à ses 6 mois, 4 mois au minimum. Il est toutefois possible que l’alimentation maternelle, s’il y a consommation de produits laitiers par la mère par exemple, provoque l’allergie du nourrisson. Dans ce cas, il est recommandé à la mère allaitante d’éviter de consommer ce type de produits.

Dans le cas d’un terrain allergique du côté des parents, des laits hypoallergéniques peuvent être recommandés par le pédiatre, afin de diminuer le risque d’allergie aux protéines de lait de vache chez le nourrisson. 

Lorsque vous identifiez les symptômes suivants chez votre bébé, il est fortement conseillé d’aller consulter votre médecin référent : 

  • Régurgitations et vomissements fréquents 
  • Plaques rouges/ démangeaisons
  • Diarrhées et/ou constipation après les repas

Il existe différentes techniques pour diagnostiquer une allergie et identifier la substance responsable.

Votre médecin peut effectuer un test de provocation labiale, qui consiste à déposer quelques gouttes de la substance suspectée sur la lèvre du bébé. Si des signes d’inflammation apparaissent au bout de quelques heures, le test est validé. 

Le médecin peut également pratiquer un « prick-test ». Il s’agit de diffuser un peu de la substance suspecte sous la peau du bébé et d’observer si une inflammation a lieu à l’endroit testé. 

La dernière méthode possible est la prise de sang. Celle-ci permet de repérer la présence ou non d’anticorps spécifiques aux protéines de lait de vache.

Quel lait donner à mon bébé allergique aux protéines de lait de vache ?

En cas de sevrage et de diagnostic établi par un professionnel de la santé, les laits infantiles à base de protéines de lait animal ou les laits hypoallergéniques (qui contiennent des fragments protéiques d’origine laitière) doivent souvent être remplacés par des préparations à bases d’hydrolysats de protéines. Il existe les hydrolysats de protéines de lait de vache, qui sont constitués de petits peptides et d’acides aminés de caséine, protéine issue du lait de vache ou de protéines du lactosérum. Contrairement aux laits hypoallergéniques, les protéines issues du lait de vache sont totalement fragmentées dans les préparations à base d’hydrolysats de protéines. Dans le cas des laits hypoallergéniques, elles ne sont que partiellement divisées.

L'allergie aux protéines de lait de vache

Les hydrolysats partiels de protéines de riz dont le profil protéique est proche du lait maternel s’avèrent être une alternative idéale actuellement. Il s’agit également d’alternatives végétales aux formules à base d’hydrolysat de protéines de lait de vache. Ces formules sont supplémentées avec certains acides aminés comme la lysine, la thréonine ou encore le tryptophane, pour en améliorer le profil protéique. Plusieurs études ont montré l’efficacité de ces formules dans le traitement APLV. Elles assurent en effet une bonne croissance des nourrissons et des enfants en bas-âge, qu’ils soient allergiques ou non.

Si aucune des préparations citées ci-dessus ne fonctionnent, il est alors possible d’avoir recours à des préparations à base d’acides aminés. Ces préparations ne contiennent aucun fragment de protéines et peuvent donc être mieux tolérées dans certains cas d’allergie sévère. 

Lors des introductions alimentaires, une attention particulière devra être portée sur l’étiquetage des produits car de nombreux aliments peuvent contenir des protéines de lait. C’est le cas également des produits de toilette : shampooings, savons, etc. dont il faut également surveiller la composition.

Sources : 

https://www.vidal.fr/maladies/chez-les-enfants/allergie-proteines-lait-vache.html

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0929693X11005525

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032018304500

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0007996005802044